Après un samedi sous un soleil de printemps passé dans les rues de Soho à flâner devant les étals des artistes de rue et les magasins de la 5eme avenue, à l’écart des touristes, on décide du programme du lendemain : assister à une messe dans Harlem. 

Les guides et les échos sont formels, si l’on souhaite échapper aux flots de touristes déversés par bus devant les églises, il vaut mieux éviter la messe de 11h et se lever pour celle de 9h.
On s’extirpe tant bien que mal du lit le dimanche matin vers 7h45, on saute le petit déjeuner en pensant au brunch d’après la messe et on prend le premier taxi pour Harlem avec Marco et Mag, direction l’abyssinien church. 

Tous nos efforts ne sont pas récompensés comme on l’espérait, le garde en costume et gants blancs à l’entrée nous fait comprendre que les non-membres (comprendre ici les blancs) ne sont pas admis à la messe de 9h, il faut revenir à 10h30 pour celle l’office de 11h… Tout dépité, on arpente les rues alentours pour tenter notre chance dans une église plus accueillante. Il est 9h passé, on arrive trop tard, on décide donc d’inverser notre programme et d’aller bruncher avant. 5 pancakes largement servis en crème chantilly et confitures nous requinquent et nous repartons affronter la pluie et le gardien de la fameuse church. On découvre une cinquantaine de touristes déjà en ligne le long du mur une demi heure avant le début théorique.

Le gardien passe de temps en temps pour nous dire « there is hope that you can get in but there is no guarantee, today is woman’s day, a special day, first our members will get in and if there are still some places you may be getting in ». S’il croit nous décourager, on s’est levé aux aurores, on reste! Et on a bien fait. 50 minutes plus tard on entre enfin dans ce temple bien gardé. 

 Et cela en vaut la peine ! Les chants sont incroyables ! Cela a duré 2 heures mais je n’ai vraiment pas vu le temps passer. Cela ressemblait en fait plus à un show qu’à une messe, le révérend faisant quelques blagues entre deux lectures d’évangiles, les applaudissements encourageant les chanteurs et surtout la révérende Dr Ann Far Lightner Fuller venue spécialement de Boston pour le sermon. 

Quelle soirée incroyable! Après une bonne expérience en décembre avec Karmen à des places étudiantes très bien placées (au fond de l’orchestra), on retente avec Rigoletto mais cette fois-ci avec des vraies places pas chères… tout au fond, la croix rouge en haut du plan, cela signifie l’étage le plus haut, avant-avant dernière rangée.
Autant dire que les jumelles s’imposaient. Sur les conseils de Kirsten (ma boss), je tente l’aventure dans les boutiques d’électronique à touristes sur Time Square. « Binoculars » n’est pas le mot le plus facile à prononcer, la première réponse en général quand je demande s‘ils en vendent est « vous cherchez qui ? » ; passée la première frustration (je tiens a dire que même lorsque Guilhem pose la question on lui fait répéter), on me montre une collection de jumelles à $100 -$150, et « par ce que c’est moi » on me les fait pour $40-$100. C’est le grand jeu de ces boutiques, partir de très haut et négocier, vu que je ne connais pas le prix réel (certainement pas ceux annoncés en tout cas) et que je n’ai pas la moindre envie de négocier, j’abandonne rapidement. J’irai voir à la boutique du Met. Voici d’ailleurs un petit aperçu  de la fontaine du Loncoln Center avec dans le fond le Met Opera (c’est un régal de s’asseoir en été le soir au bord de cette fontaine) :

Dans cette boutique, c’est bien ma veine, la dame d’avant moi est sur le point de prendre le dernier modèle abordable, mais en voyant ma mine déconfite, elle échange gentiment pour un modèle plus cher et me laisse prendre celles-ci… la soirée commence bien J

Nos places étudiantes, tout en haut je le rappelle, nous permettent finalement de visiter l’opéra et d’admirer les costumes qui décorent les couloirs.
J’ai découvert l’existence de Rigoletto il y a deux semaines environ quand on a choisi nos places sur internet, mais c’était un très bon choix de Guilhem, avec, à noter, deux airs très connu « La donne è mobile » et « Duca Duca », les extraits peuvent être écoutés sur Amazon.




Les prestations sont fantastiques, les décors, les costumes magnifiques. On assiste à une succession de tableaux incroyables. L’inconvénient lorsqu’on est au fond n’est non pas le son, étonnement on entend très bien, mais de bien voir, c’est un peu fatiguant de suivre ces petits bonhommes de loin.

Au cours de l’entracte entre le second et le troisième acte, alors qu’on réglait nos jumelles, une dame s’approche et nous tend une enveloppe, « elle et son mari ont un avion à prendre le lendemain matin très tôt, ils ont des très bonnes places qu’ils ne voudraient pas perdre » et elle repart aussi sec sans qu’on ait le temps de comprendre ce qu’il se passe ni même de la remercier. Une fois le choc passé on prend nos affaires et on court au rez-de-chaussée avant la fin de l’entracte pour découvrir des places royales au 15eme rang pile au milieu. Voir plan ci après :

 Et voilà, le dernier acte est magnifique, on assiste a « la donna è mobile » tant attendue et un superbe tableau final. Merci à nos donateurs anonymes qui ont pris la peine de monter au dernier étage pour nous offir leurs places !

Trois semaines d’interruption… et oui même à New York la routine s’installe petit à petit. Les semaines filent incroyablement vite ! Je ne vais pas m’éterniser sur les tournées de lessive (je peux quand même vous confirmer que la laundry se trouve au rez-de-chaussée des bâtiments ou, pour les pus chanceux, à chacun des étages, autant dire qu’il faut guetter les soirs où les machines sont libres et où l’on a réussi à réunir $3,75 en pièces de 25 cents), ni les recherches de manteau chaud pour l’hiver qui fort heureusement n’est pas encore réellement installé (mais comment font-les New Yorkaises pour survivre dans Macy’s ou Bloomingdales ? J’y reviendrai dans un prochain article) ; je pourrais raconter les résumés des épisodes exclusifs de Lost, 24, Desperate Housewives… mais non ce serait trop méchant.

Je vous rassure on a réussi à garder notre cadence en footings pour pouvoir y mettre un « s » même en 2006 ! Cela devient de plus en plus dur par contre entre les soirs de pluie, les soirs où l’on rentre tard et les soirs où il fait vraiment trop froid pour essayer de ressortir. Je crois que l’on va devoir continuer notre transformation en New Yorkais, trouver la tenue de sport adéquate et s’inscrire dans l’une des salles de sport autour de chez nous. Après tout cela vaut la peine d’essayer, au moins le temps de l’hiver ! On prendra les photos.

Ce week end, grande sortie à Brooklyn par un après midi de printemps. C’est incroyablement agréable de quitter le bruit de Manhattan et de se perdre dans un dédale de rues toujours autant perpendiculaires mais tellement plus calmes ! Après un tour dans Prospect Park, un parc moitié moins grand que Central Park et soit disant le bijou des créateurs de Central Park (qui valait le détour), nous avons traversé Brooklyn pour arriver à Brooklyn Heights, le quartier situé face à Manhattan, et revenir en traversant le Brooklyn Bridge. Depuis le temps que j’en avais envie ! J’y retournerai volontiers lorsqu’il fera jour et chaud, en attendant voici une petite photo souvenir, merci Basile !

En tout les cas un grand merci à Pat et Rosemarie qui nous ont accueillis et nous ont fait passer un super week end!  On vous promet on sera la pour les cerisiers japonais en fleur au printemps prochain!